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Ne plus survivre, déconstruire pour enfin vivre

Dernière mise à jour : 3 oct. 2023


Par Kami Mahmoudi


Avoir des convictions et conserver son esprit critique, souhaiter le meilleur pour les personnes qui nous sont chères tout en ayant le souci de l'équité vis-à-vis de chaque être humain, soutenir des positions difficiles en faveur de la justice et des droits humains sans être personnellement concerné, faire ses choix avec mesure et pragmatisme tout en laissant la place à la révolte, fruit de notre émotion.


En y réfléchissant, il s'avère que c'est moins simple et fréquent qu'il n'y paraît.


L'analyse même de ces contradictions est ardue, tant elle n'est pas naturelle. La civilisation que l'humanité a construite sur ces dernières décennies est ancrée dans des règles qui semblent immuables et orientent arbitrairement chaque individu vers des convictions étatiques, religieuses, culturelles et socio-économiques.

En fonction de notre lieu de naissance, l'éducation inculquée ou induite que nous recevons conditionne naturellement nos opinions et ainsi notre comportement face aux événements qui se présentent à nous. La notion de bien et de mal qui se repose bien souvent sur des interprétations de l'histoire que les hommes réécrivent pour la postérité est truffée de contradictions et d'incohérences.


Comment imaginer une même interprétation d'un même fait pour une femme en Afghanistan, un immigré en Angleterre, un riche propriétaire terrien en Australie, une enseignante en Espagne, un électricien en Suède, un chef d'entreprise au Mexique, une chercheuse au Portugal, un boulanger en Croatie, une femme au foyer en France, un policier en Afrique du Sud, une ministre au Canada, un médecin en Belgique ou un commerçant en Tunisie ?

Pensez-vous réellement que leur réalité face à une même constatation est identique ? Résolument pas.


À cela s'ajoute le poids de l’éducation déployée et spécifique à chaque État. Les livres scolaires, quelles que soient les matières, ont naturellement la consonance du temps et de l’espace qui les entourent. Le patrimoine culturel qui crée le sentiment d’appartenance de chaque individu influence nécessairement notre compréhension et notre ressenti.


Enfin, les médias et l’interprétation qu’ils font de quelques événements triés selon eux sur le volet. Ces articles et autres analyses et reportages qui complètent le vide qui nous permettait pourtant de réfléchir ont bien souvent un objectif bien éloigné de la définition que nous pourrions imaginer d’une information fiable, objective et éclairante. Au mieux, nous pouvons espérer être une cible commerciale, sinon être orientés dans nos opinions.

Cette mise en lumière de quelques faits exceptionnels refaçonne, à force de répétition, notre regard et ainsi notre comportement.


Comment faire, me direz-vous ? Comment s’extraire de ce qui nous paraît être la logique et la norme ? Comment s’en apercevoir ?


Il est véritablement question de déconstruction intellectuelle, culturelle et émotionnelle.
Il est véritablement question de déconstruction intellectuelle, culturelle et émotionnelle.

Lourde question à laquelle il est impossible, pour des raisons évidentes, d’apporter une réponse catégorique. Car servir une réponse claire et structurée consisterait à s’enfermer à nouveau dans un schéma orienté.

Selon moi, la solution réside dans la reconnaissance de cette situation. Reconnaitre que notre regard, nos opinions, nos convictions sont interdépendants de notre environnement, sont influencés par notre entourage.

Accepter cela, c’est admettre la subjectivité de chaque chose. C’est accepter, voir même provoquer la critique dans ce qu’elle a de plus noble, dans sa recherche de la vérité. Mais pas n’importe laquelle, celle respectueuse des droits humains et plus largement de la vie. Cette vérité, nous devons la chercher en tentant, malgré nos faiblesses, de nous extirper de nos convictions, de notre environnement, de nos intérêts personnels.


Qu’y a-t-il de plus fort que se révolter contre des injustices auxquelles nous ne sommes pas personnellement soumises ? Qu’y a-t-il de plus robuste que de porter un front minoritaire face à une iniquité des plus puissants.


Qu’y a-t-il de plus urgent ? Rien, sans doute.


Il est vrai que cela peut être extrêmement inconfortable de s’apercevoir que ce qui nous avons assimilé avec tant d’évidences et de logiques présentées comme implacables pourrait être contesté. Il est vrai que c’est insécurisant.

Les analyses que nous en faisons peuvent être attristantes, même parfois.


Il est véritablement question ici de déconstruction intellectuelle, culturelle et émotionnelle. Déconstruire pour faire de la place. Retirer toutes ces barrières issues de la crainte, du doute et de la suspicion. Ouvrir grand les portes et les fenêtres de la réflexion. Critiquer chaque chose avec le souci de faire le mieux. Promouvoir l’entraide et le respect. Refuser toute forme d’injustice pour quelque raison que ce soit.


Ne plus survivre, déconstruire pour enfin vivre.


Cette démarche est nécessairement d’une grande violence tant nous sommes aliénés par nos habitudes et notre environnement. Mais c’est le prix à payer si nous voulons garder les yeux bien ouverts et analyser les événements qui nous viennent avec une volonté de discernement.

Il en va de la survie de notre espèce de défendre et préserver cette richesse que la nature nous a donnée et que nous avons abandonnée.

L’esprit critique.

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