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Le point de bascule

Par Kami Mahmoudi


Votée par le parlement en procédure accélérée, une loi vient d'autoriser le recours à la vidéosurveillance algorithmique à l'occasion des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Cela signifie concrètement que l'Etat Français, le premier d'Europe à s'y essayer, pourra lors de ces manifestations, réaliser à titre expérimental, la surveillance de masse. Celle-ci ne se repose pas sur un soupçon légitime d'infraction établi par un juge. Cette surveillance pourra se réaliser sous la juridiction totale et libre des autorités policières.



Que dire de l'atteinte que cette mesure porte au droit à la vie privée. Que dire de la stigmatisation de populations minoritaires que cette approche aura irrémédiablement. Que penser de cette procédure accélérée prévue par l'article 45 de la constitution qui ne permet qu'une lecture par chambre parlementaire et évite ainsi les échanges et les ajustements. Enfin et surtout comment réagir face à cette arrogance qui consiste à toujours aller plus loin dans ce manque de considération pour la parole du peuple.

Pensez-vous raisonnablement que la majorité de la population française serait favorable à cette loi ? Je suis dubitatif quant aux véritables raisons qui motivent cet acte liberticide. Je suis très inquiet quant aux dérives de l'Etat Français qui brille par son inhumanité en Europe.


L'accumulation des actions portées contre la démocratie en France est alarmante. Et maintenant, la surveillance de masse.


Certes appuyée par des considérations olympiennes, la boite de pandore est ouverte. Les droits humains sont une nouvelle fois les grands perdants des envolées liberticides de l'Etat français. Ces derniers mois, il semblerait que l'habitude soit prise de les piétiner.

Nous devrions soutenir une approche plus rigoureuse des institutions internationales. L'union européenne, dans un objectif de revalorisation de son image, l'ONU, afin de se libérer de cette approche libérale qui l'étouffe mais aussi les autorités nationales dans lesquelles les droits humains ont encore une place unique. Elles doivent résolument se manifester et soutenir une réglementation solide face à ces débordements inacceptables.


Dans un pays démocratique où les représentants élus respectent leur raison d'être, la considération de la vie privée des habitants doit être sacralisée. A l'inverse, l'identité des représentants de l'état, dont les rôles sont nécessairement d'abord de partager et défendre les droits humains, doit être connue et diffusée largement. En France, nous constatons depuis plusieurs années une tendance contraire. L'identité de la population est largement divulguée via les réseaux sociaux et autres modalités incontrôlées. L'état n'hésite pas à percer encore davantage les fondements de la démocratie en initiant des démarches d'un autre temps telle que le fichage des habitants et maintenant cette politique de masse de reconnaissance faciale. En parallèle, l'anonymisation des forces policières est des plus fréquentes. Pas de matricule, cagoule, souvent en civil et parfois avec des véhicules sans plaque d'immatriculation.


Il ne faut pas s'y tromper : ce sont des pratiques de voyous. Et nous ne sommes plus vraiment en démocratie.


Quelle a été ma surprise quand j'ai appris, il y a quelques jours seulement que la carte nationale d'identité existait que depuis 1921. La notion de nationalisme n'avait qu'un sens très limité et abstrait il y a 150 ans. C'est en 1917, que le gouvernement français, précurseur d'une approche stigmatisante et devenue commun en Europe, impose la carte d'identité pour les seuls étrangers avant de le généraliser en 1921 pour tous les résidents.

Deux réflexions me viennent suite à cette découverte extraordinaire. D'abord, je constate que les biais cognitifs sont extrêmement dangereux et peuvent largement corrompre notre esprit d'analyse.


Puis cette conclusion : L’agriculture a créé la sédentarisation, l’industrie la mondialisation, la finance la concentration, la pauvreté les flux migratoires. Et surtout le maintien de ce déséquilibre laisse la place au nationalisme, au corporatisme, au syndicalisme, à la peur et à la haine.


La solution est pourtant simple. Tellement simple qu’il est essentiel pour nos dirigeants d’user et d’abuser de leur pouvoir pour compliquer résolument le sujet et ainsi maintenir leur légitimité.

La solution est tellement simple que ça en est risible : il faut répartir les richesses plus équitablement parmi les hommes. Tout simplement.


Et contrairement à ce qui nous est répété jusqu’à perdre voix, ce n’est pas impossible, et même pas difficile. Il faut juste la volonté. Ceux qui pensent détenir le pouvoir financier, médiatique et policier s’y opposent fermement. Incontestablement, leurs remparts se fissurent de toute part et leur réaction n’est pas à la hauteur de l’enjeu.


Incontestablement, cette démarche de désobéissance, voire de rébellion civile que nous constatons autour de nous chaque jour et qui est désormais réprimée sauvagement par ceux même que nous avons élus est une marque manifeste de notre désir d’égalité et de fraternité.

Les manifestants ne sont pas des voyous, ceux qui font du bruit ne sont pas des casseurs. La population éveillée qui se bat pour la défense des droits humains n’est pas une minorité utopiste.

Ces femmes et ces hommes luttent pour déconstruire cette stratégie étatique consistant à voir la population telle des consommateurs à l’œil bovin.


Nous sommes de plus en plus nombreux. L’agressivité des puissants en est la preuve. Et le point de bascule vers une société équitable, paritaire, juste et fraternelle est moins loin que l’on pense.


Attention à ces biais cognitifs qui ont la peau dure. Rappelons-nous simplement que la ténacité est la source de toutes les réussites.

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