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A nos mères, nos filles d'Afghanistan

Dernière mise à jour : 3 oct. 2023

Par Kami Mahmoudi


En Afghanistan, les restrictions portant sur les droits des femmes, la liberté de la presse et la liberté d’expression se sont multipliées.

Depuis le 15 août 2021 et le retour des talibans au pouvoir, les Nations Unies ont dénombré plus de 300 exécutions extrajudiciaires, des milliers de flagellations en public et leurs diffusions sur les réseaux sociaux. L'objectif est clairement de créer un environnement intimidant et contraignant de la liberté d'expression. Des journalistes ont été roués de coups et ont subi d’autres formes de torture en détention. Les autorités ne laissent aucune place aux réunions ou autres manifestations.

A nos mères et nos filles d'Afghanistan
A nos mères et nos filles d'Afghanistan

Signe évocateur, les talibans ont remplacé le ministère des Affaires de la Femme par le ministère de la Promotion de la Vertue et de la Prévention du Vice.

De manière claire et affichée, les dirigeants de ce pays ont déclaré leur hostilité aux libertés fondamentales des femmes et des filles. Cette véritable guerre à laquelle elles doivent désormais se confronter doit être analysée tel un crime contre l'humanité.

Les restrictions qui leur sont infligées sont draconiennes et particulièrement visibles par la communauté internationale.

L'éducation, cheville ouvrière de l'émancipation, est la première victime de la Horde talibane. Les filles sont exclues du système éducatif après le primaire. Les filles ou enseignants qui tentent d'outrepasser cette interdiction sont sévèrement punis. Les violences physiques et les menaces d'exécution complètent le harcèlement et l'intimidation.

Sur un front analogue, en compromettant le droit des femmes à travailler, le gouvernement taliban tente de les effacer de la société. L'Autorité n'a pas soutenu une interdiction officielle, mais les restrictions d’accès au marché du travail imposées aux femmes ont contribué largement à leur éviction. Selon les estimations de l’Organisation Internationale du Travail, au quatrième trimestre de 2022, l'emploi féminin était de 25 pour cent inférieur à celui du deuxième trimestre de 2021. Le niveau d'emploi masculin a, lui, baissé de 7 pour cent sur la même période. Désormais, le travail indépendant à domicile est devenu la forme prédominante de participation des femmes au marché du travail.

Les talibans doivent immédiatement laisser les filles retourner à l’école
Les talibans doivent immédiatement laisser les filles retourner à l’école

Outre l'éducation et l'emploi, les femmes subissent une autre interdiction d'une violence inédite : leur liberté de circulation. Un décret prévoit que les femmes doivent rester chez elles et qu'elles ne quittent leur domicile qu'en cas de nécessité. Lorsqu’elles se déplacent, elles doivent se déplacer avec un mahram, ou chaperon masculin, pour les longs trajets. Les arrestations de femmes se déplaçant seules sont fréquentes. Elles sont emprisonnées et subissent des violences insupportables : enchaînées ou attachées, elles sont battues avec des câbles, des chaînes ou des tuyaux d'arrosage. Elles reçoivent des décharges électriques et sont menacées de mort.

Dans un autre registre, elles sont privées de choisir les vêtements qu'elles portent. Celles qui ne portent pas le hijab sont menacées et battues. Les quelques manifestations pacifiques qui ont eu lieu ont été traitées avec la plus grande brutalité. Les manifestantes ont reçu des coups de tuyaux, de fouets ou d'armes, électrochocs, gaz lacrymogènes et autres produits chimiques… Elles ont été poursuivies et recherchées des semaines durant et certaines retrouvées ont subi des actes de torture durant des semaines de détentions arbitraires. Leurs remises en "libertés" étant le plus souvent conditionnées à des signatures "d'aveux" ou d'accord de ne plus manifester.

Un système sexiste étouffant, unique et organisé
Un système sexiste étouffant, unique et organisé

Ces actes d'interdictions, de levées des libertés et de tortures sont appliqués en toute impunité sans une réaction rigoureuse et volontaire d'une quelconque instance intergouvernementale.

Nous devrions tous être en peine face à cette attaque manifeste à la dignité humaine. Ces femmes et ces filles sont nos mères et nos sœurs. Elles sont seules face à la violence et à l'absurdité masculines. Elles sont démunies et sans protection. Aucune raison politique, économique, religieuse, pseudo-ethnique ou culturelle ne doit nous épargner de regarder les choses en face.

La Cour Pénale Internationale a les moyens d'agir. Ces persécutions sexistes, en raison de leur caractère systématique et généralisé, peuvent constituer un crime contre l'humanité en vertu de l’article 7 du Statut de Rome, auquel l'Afghanistan est un État partie.

Il est aussi essentiel que tous nos États dits démocratiques prennent la responsabilité que nous leur avons donnée et traduisent en justice les membres des talibans soupçonnés d’être responsables de crimes relevant du droit international.

Cette attaque absurde, primaire et violente ne concerne pas uniquement les femmes et les filles d'une société éloignée de la nôtre. Notre réaction est parfaitement précurseure de la société que nous méritons et de l'avenir de nos États Démocratiques.

Elle conditionne la fierté ou la déchéance de notre civilisation.

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